publié dans LA GALERIE DU SPECTACLE
Mais si jouissance il y a, qu’elle soit dérangeante, pas forcement tordue (quoi que) mais différente, alternative (autrement quel intérêt ?) : Immobiles sur scène, Solstyx et floZif attendent le public qui rentre dans le chapiteau. Les cordes nous suggèrent déjà qu’on est dans le terrain du kimbaku (que ceux qui connaissent moins appellent «shibari »
que ceux qui connaissent peu appellent « bondage »
que ceux qui n’en connaissent rien du tout appellent « des gens qui s’attachent » )
Mais voilà le charme : empreintE marche aussi bien pour les initiés que pour ceux qui se retrouvent pour la première fois face à une pratique souvent grossièrement vulgarisée. Car si le spectacle commence comme une performance plus ou mains classique du genre qui captive par le contraste entre la délicatesse des gestes et la force des cordes, il s’en suit un changement de rôles (ce qui est plutôt inhabituel) puis une présence croissante du son et des images projetées en arrière-plan et une voix qui sublime l’extase du corps attaché, juste avant de passer à la suspension.
Et là encore des surprises. Car empreintE ne cherche pas à casser les codes du kimbaku, mais plutôt à les enrichir en empruntant des éléments de la danse contemporaine et du cirque. Si tout corps attaché est une sculpture vivante, les deux artistes poussent plus loin l’expérience. Solstyx et floZif avancent tout le temps très doucement, et on sait qu’on est sur un terrain de calme tendu, mais chaque geste est tellement persuasif qu’il est impossible de ne pas les suivre. On y fonce Jusqu’à la jouissance, celle qui naît de la beauté. Là où chacun peut se reconnaître.
Ainsi Jerk Off semble vouloir se positionner comme un festival qui, tout en ayant son public, ne cherche pas à se refermer et au contraire se veut ouvert et inclusif. En itinérance entre le Cirque Électrique, le Carreau du Temple et le Point Éphémère, le caractère festif semble aussi évident.
Du 15 au 24 septembre 2016,
Festival Jerk Off.